Dans l’immensité historique et culturelle qu’enveloppe l’Ornement, il y a tout d’abord l’apparition des formes. Naturelles, elles naissent harmonieuses et se déploient symétriques. Il y a ensuite eu la trace, l’empreinte d’un esprit qui s’éveille, qui ressent la beauté de ces forces et qui se met à écrire car il désir et peut-être rivalise. Depuis l’ornement s’est propagé à travers l’espace et le temps. Il est pratiqué par les âges et le monde, du tatouage maori aux salons bourgeois occidentaux, des Palais de l’Alhambra au style Art nouveau et aujourd’hui, quand je dis « L’ornement » on me répond le décorum, la dorure, les fanfreluches et autres atouts qui garnissent les objets. C’est une approche occidentale assez communément admise qui le range dans la catégorie des effets. C’est que les courants modernes ont prôné le fonctionnalisme, la forme pure et noble qui rejette le décoratif comme L’impur, le supplément, l’artifice, le faux. Et « l’ornement fut un crime » sous la plume d’Adolf Loos.

Dans cette immensité, je ne peux être exhaustive. Dans le débat concernant sa légitimité, quant à la question « quel est le sens de l’ornement ? », je ne veux prendre place. Il y a pourtant cette fascination, pour les corps incrustés de bijoux, les jardins et les palais, la profusion des motifs et cette sensation de vertige. C’est cette fascination qui m’intéresse, savoir ce que l’ornement met en œuvre et pourquoi m’apparait-il être un besoin fondamental. Au-delà du vrai, du faux ce travail à pour enjeu de dénouer son entrelacs, le temps d’un exercice, chercher ce qu’il peut bien cacher en son nœud. Et dans cette immensité, si je ne peux m’arrêter à une période de l’histoire, si je ne peux me concentrer sur une de ces pratiques ou un de ces aspect, mon travail sera à l’image d’Aby Warbung, un « échantillonnage du chaos », un travail de collage varié où j’irais chercher ce qui me touche, ce qui en moi fait sens, les individus, les œuvres, les idées, pour essayer de comprendre d’où me vient cet attrait.