Mary Agnes Chase

Porteuse du projet : Gaëlle Choquet
Date : 2019
Contexte : Motifs (du) vivant

Description du projet

Au départ, une recherche sur l’Art Nouveau, surtout orientée sur les figures féminines. Qui étaient-elles ? Mis à part Sarah Bernhardt, peu d’informations sont connues sur les autres modèles des affichistes de l’Art Nouveau. Comme le dépeignent des extraits de certains sites internet, que l’on peut trouver pour peu que l’on cherche femme et Art Nouveau conjointement. Ainsi, on peut en venir à s’interroger sur la place de la femme dans ce mouvement de la fin du XIXème et du début du XXème siècle. Des extraits d’articles démontrent que la représentation de la femme dans ces affiches publicitaires était plutôt de l’ordre de l’ornement, comme l’énonce la définition même du mot. Du latin ornamentum (préparer, orner), c’est une décoration ajoutée en supplément à un élément pour embellir dans une volonté de l’améliorer et qui peut remplir sa fonction sans cet ajout. Ainsi, c’est bien ce à quoi sont réduites ces figures féminines dans ces affiches, qui se mêlent à la fois au végétal mais aussi au produit qu’elles vantent. Le motif est au contraire ce qui pousse à agir, en parlant de tout élément conscient considéré comme entrant dans la détermination d’un acte volontaire, du latin motum, qui a la possibilité de se mouvoir.

« Les ornements n’ont en général pas de sens en dehors de l’objet ou de la surface sur lesquels ils se trouvent et la technique de leur création qui incite à une répétition plus ou moins infinie. Mais, les motifs cessent d’être considérés comme des ornements dès lors qu’on leur attribue un sens iconographique, symbolique ou une signification sociale. »

Ce projet vise alors à reprendre le pouvoir sur cette représentation réductrice et dévalorisante. C’est ainsi que mes recherches se sont tournées vers la botanique, qui n’est autre que la science des végétaux, des herbes et des plantes. Mon choix s’est porté vers la botaniste, mais aussi féministe, Mary Agnes Chase, dont l’existence se superpose avec celle de l’Art Nouveau. Elle a œuvré dans ce domaine, dominé par des hommes, et s’est ainsi emparé de cette nature, du vivant, par la pratique et le travail afin de s’émanciper. Elle est à présent une botaniste et agrostologue reconnue.

S’en est donc suivi un processus de collecte, à l’image d’un herbier, des informations sur sa vie, son travail, ses découvertes, afin d’en dégager un motif engagé. Ici, les motifs du vivant sont les raisons du vivant. Puis, toujours dans cette optique de réaliser une sorte d’herbier, j’ai opérer une collecte à la fois de formes et de motifs dans ses travaux scientifiques, ses illustrations botaniques, ainsi que ses photographies lors de son expédition au Brésil.

Il s’est avéré que Mary Agnes Chase avait porté sa recherche plutôt sur l’étude des graines. Ainsi, suite à cette collecte à partir de son travail, d’un trait libre et d’une certaine émancipation aussi dans le dessin, la motivation était pour moi de faire germer et pousser cette graine. Ensuite de faire se mouvoir la plante ainsi obtenue, pour qu’elle devienne réellement vivante. Je me suis tournée vers la vidéo afin d’animer ce végétal né des recherches de Mary Agnes Chase, et ainsi lui redonner vie en s’intéressant à la fois à son travail mais aussi en l’animant. Mon installation est composée d’une affiche représentant l’une des illustration botanique de Mary Agnes Chase, sur laquelle se superpose l’animation du motif vivant dûment réalisée. Se déroulant dans une pièce sombre, la vidéo permet aussi de mettre littéralement en lumière son travail par l’action de vidéoprojection.